
Aussitôt après la délivrance, les accouchées quittent la salle
d'accouchement et partent dans la chambre des accouchées pendant que la matrone
et la famille lavent le matériel et le sol.
Avec la sage-femme nous avons insisté sur le fait qu'il fallait surveiller dans
les deux heures suivantes : les pertes, l'involution utérine, la tension et la
miction des accouchées récentes. Cette surveillance est d'ailleurs prévue
dans les partogrammes. Cela n'est pas acquis car : "si c'est la nuit on ne
va pas se relever pour y aller", en fait je crois que la sage-femme et moi
étions les seules à le faire, alors que cette surveillance est prévue dans le
partogramme. Voilà un point sur lequel il faudra revenir.
Les accouchées restent à la maternité une nuit, et encore, celles qui ont
accouché en fin de nuit insistent souvent pour partir le soir au lieu
d'attendre le lendemain. Il m'est arrivé dans des cas nécessitant à mon avis
une surveillance, de faire acte d'autorité en déclarant à la famille qu'une
femme resterait une nuit de plus .
Depuis l'arrivée de la sage-femme une visite de sortie des accouchées est
prévue le matin à huit heures.
Pendant cette visite, on examine chez la femme: la tension, la température, les
seins avec présence ou non de colostrum, les pertes, l'involution utérine (j'ai
insisté pour que les matrones estiment celle-ci: sus ombilicale, ombilicale, un
ou deux doigts sous ombilic, plutôt que de marquer simplement : normale), on
s'assure que la femme a uriné normalement , on regarde les points s'il y en a
(j'ai systématiquement fait re convoquer huit jours après toutes les femmes
qui avaient eu des points, et elles sont toutes venues) .
Le bébé est également examiné: prise de température, soin du cordon, état
général, selles et urines. A ce propos les matrones aimeraient avoir des
crayons de nitrate d'argent. Dans certains cas on demande à revoir l'enfant
quelques jour après.
J'ai pu constater que la lecture du thermomètre n'était pas évidente pour
tout le monde et j'ai beaucoup tyrannisé Maïmouna à ce sujet, j'espère que
maintenant cela est acquis.
Tout ces examens sont consignés dans les cahiers des mères et des enfants
qui ont été remis à l'ordre du jour.
Nous avons suivi pendant deux semaines un prématuré de 1800 g qui en quinze
jours était passé à 2400 g. Les femmes qui habitent près, ramènent le
bébé pour le soin du cordon deux ou trois fois après la sortie.
La saison étant différente j'ai eu avec les bébés le problème inverse d'Évelyne:
ils n'étaient pas assez couverts et avaient froid la nuit, nous leur trouvions
fréquemment une température à 35°5, 35° 8 le matin. le réchauffement de
l'enfant par le portage peau à peau, que j'ai essayé de faire pratiquer n'a
pas eu beaucoup de succès auprès des mères.
L'allaitement pose également un problème, il m'a souvent fallu insister pour
que les mères mettent leur bébé au sein rapidement après la naissance, et
elles l'enlevaient du sein dés que je tournais le dos, puisqu'elles n'avaient
pas encore de lait, ce n'était pas la peine de faire téter l'enfant. Même
quand on montrait à la mère que du colostrum coulait de ses seins, elle
répétait que ce n'était pas bon, que ce n'était pas du lait. A la limite, j'ai
trouvé que c'était plus facile avec les primipares, qui n'ayant pas
d'expérience de l'allaitement étaient prêtes à essayer sans à priori et
souvent ravies de voir leur enfant se mettre à téter tout de suite. Je crois
que des séances d'information sur l'allaitement avec les accouchées avant leur
sortie seraient bénéfiques . Je ne sais pas si cela sera facile à mettre en
place car après l'accouchement les femmes ont souvent de nombreuses visites, et
il est difficile de solliciter leur attention sur le bébé.
J'ai constaté que la sage-femmes et les matrones avaient les connaissances
nécessaires sur le sujet, mais quelles n'arrivaient pas à les faire passer.
A leur sortie les femmes ont une prescription de fer et de chloroquine pour
dix semaines, on leur conseille de continuer le traitement antipaludéen pendant
toute la durée de l'allaitement.
La prescription d'antibiotiques est systématique lorsque le liquide amniotique
était teinté, lorsqu'il y a eu déchirure, épisiotomie ou révision utérine.
Lors de la visite de sortie le planning familial est évoqué , surtout avec les
grandes multipares, et on demande aux femmes de revenir en consultation
postnatale 45 jours après, mais dans les faits, très peu reviennent.
