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III. DES SOLIDARITESLa radio ne pourrait pas fonctionner sans la participation et les interactions entre ses divers acteurs. A. Les animateursSelon les émissions, les animateurs peuvent occuper la place de technicien et/ou d’animateur. Diakaridia est le principal technicien. Il arrive de ce fait à maîtriser seul ’animation et la régie au cours de son émission. Il s’investit en tant que simple technicien pour faciliter le travail des autres animateurs non experts de la technique radiophonique. En cas d’absence d’un animateur, Mariam Togola était chargée de le remplacer jusqu’à ce qu’elle anime sa propre émission « détente musicale ». Il en ira désormais de la bonne volonté de l’ensemble de l’équipe des animateurs. Les gains récoltés par certains animateurs sont redistribués afin que chaque émission fonctionne.
B. Le rôle des auditeurs pour Radio TeriyaLes auditeurs participent aux émissions à travers des jeux en répondant aux questions des animateurs et c’est grâce à cette participation que les animateurs dégagent des fonds pour financer la radio. En effet, les auditeurs répondent par courrier adressé directement à la radio et accompagné de 25 à 50 CFA. Les gagnants reçoivent des cadeaux, et le surplus des gains est destiné à financer le carburant nécessaire à alimenter le générateur de la radio et à renouveler leur stock de cassettes audio. Au cours de l’émission Sumu, l’animatrice Nana Kouyaté vend des cartes d’honneur aux notables de Niéna et des environs. Ces derniers peuvent les acheter 500 CFA sur le marché, ils recevront alors des salutations d’honneur pendant l’émission durant un mois. L’argent récolté grâce à ces cartes sera également réinvesti pour la radio. Cette participation permet notamment à des spécialistes de pouvoir s’adresser à la population sur l’antenne (médecin, sages femmes, agents de la CMDT…). Sans les débats engagés par les auditeurs, il n’y aurait pas de « dialogue » entre animateurs, invités et auditeurs. C. Animateurs, invités et auditeursLe travail que réalisent les animateurs de Radio Teriya est bénévole. Chacun d’entre eux choisit de s’investir sur un ou plusieurs sujets qui leur tiennent à cœur en espérant que ceux-ci touchent les auditeurs. L’appréciation des auditeurs sur la programmation est alors déterminante pour la longévité des émissions : si les appréciations sont mauvaises pour une émission, les animateurs la suppriment temporairement. Si cette suppression ne suscite pas de réactions auprès du public, alors elle devient définitive. La « bonne écoute » et les critiques favorables motivent les animateurs et les encourage à s’investir davantage dans leurs projets…. La diffusion, en tant que partage, met en avant une volonté de solidarité de la part des animateurs, de rapprocher les villageois et de multiplier les échanges à partir de cet intermédiaire qu’est la radio. Cet intermédiaire permet une plus grande liberté d’expression : les questions, remarques, dédicaces sous forme de lettres adressées aux animateurs permet à ceux qui le souhaitent de rester dans l’anonymat. L’animateur servira d’intermédiaire entre auditeurs d’une part et entre auditeurs et invités d’autre part. Par exemple, les questions, que l’on n’oserait pas poser à son médecin (sachant qu’il nous connaît bien, mais qu’il connaît également toute notre famille et même tout le village) peuvent être posées plus librement lorsqu’elles n’impliquent pas un retour des autres sur soi… Ainsi non seulement la radio permet au médecin d’éclairer la personne qui a posé la question mais il le fait aussi pour toutes les autres qui se seraient posé le même problème ! Cette grande liberté d’expression qu’offre la radio et qui touche simultanément (en direct) un large public change la dimension de l’échange et ne fait que l’enrichir par un sentiment croissant d’appartenance à la commune. D. La radio en tant que support médiatique et de communication. Chaque matin, Diakaridia Diallo ouvre l’antenne sur des salutations d’usage adressées au chef de village, au maire et à ses conseillers, au sous préfet, à la gendarmerie… Dans un second temps, il salue tous les nienakas et les exhortent à se lever pour aller travailler. Il encourage les femmes qui travaillent dans leur cuisine, les cultivateurs dans leurs champs, et les commerçants dans leur boutique (et oui la radio les suit partout !). Chaque personne se sent reconnu au sein du village et dans son groupe spécifique. Cette reconnaissance permet aux auditeurs de se sentir concernés par les questions abordées au cour des émissions et par les divers messages qui leur sont adressés. Le président de Teriya s’est proposé de diffuser, dans le cadre d’une campagne publicitaire pour le centre artisanal, la description des différentes corporations afin de relancer l’activité des artisans. Les vingt minutes de publicité quotidiennes sont très peu utilisées par les commerçants. La publicité représente pour eux un coût qu’ils ne sont pas sûrs d’amortir. Les messages publicitaires sont très souvent diffusés par les principaux intéressés qui peuvent être invités sur le plateau à cet effet. Les animateurs profitent également de leurs émissions pour promouvoir des évènements : Adama Diallo, animateur et membre de l’AJEG fit son annonce pour la soirée traditionnelle organisée chaque année par son association. |
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