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| Les problèmes de malnutrition et de sous-nutrition sont symptomatiques des pays d’Afrique. Au Mali, le pourcentage des terres arables ne dépasse pas 3.76% du territoire national, une proportion ridiculement faible pour subvenir aux besoins d’une population de ; les 96.24% restant sont des zones désertiques ou quasi désertiques. Le Sud et le Delta du Niger constituent les zones les plus nourricières du pays. Les conditions climatiques et géographiques de la région de Sikasso (au Sud-Est du pays) - pluviométrie importante et sol fertile – en font une région agricole par excellence.
Et pourtant, au cœur même de cette région, le village de Niéna a subi les contrecoups des nombreuses sécheresses dont est victime le pays. Dernièrement, une invasion de criquets a détruit une grande majorité des récoltes niénakas. Suite à ces nombreuses difficultés, la qualité et la quantité des récoltes ont diminué et les problèmes de sous nutrition ont pris une ampleur inégalée depuis près d’une décennie (rappelons qu’en 2006, le taux de natalité au Mali a atteint 7.42 enfants par femme). Plusieurs caractéristiques du village de Niéna et de sa population rendent particulièrement nécessaire la constitution de réserves alimentaires. La base de leur alimentation se compose essentiellement de céréales – environ 300 kg par an et par personne – que chaque famille cultive sur ses terres. La qualité des récoltes et, ce faisant, l’alimentation des villageois, sont tributaires du niveau des précipitations. Or depuis plusieurs années, les sécheresses sont récurrentes et mettent en péril les réserves en céréales de la commune. De plus, la situation géographique de Niéna, à moins de 150 km des frontières Ivoiriennes et Burkinabaises, en fait une place privilégiée pour les spéculateurs étrangers. Les récoltes dans les pays limitrophes étant plus précoces, les réserves de céréales en Côte d’Ivoire et au Burkina s’épuisent avant celle du Mali. Le différentiel de prix qui en résulte incite les commerçant à franchir la frontière pour acheter des céréales à bas prix et pour les revendre ensuite, avec une marge, dans leur pays. La quantité de céréales qui quittent ainsi les greniers du village est ressentie comme un pillage par la population au point que les autorités de Niéna incitent les producteurs et les commerçants locaux à ne pas vendre leurs réserves à ces spéculateurs. En 2006, la commune de Niéna a donc bénéficié d’u n plan national d’aide alimentaire pour palier à la diminution régulière des réserves de céréales. L’apport initial de 20 tonnes, octroyées par l’État, nécessitait la création d’un magasin alimentaire avec un minimum de garanties sanitaires. Dans le cadre de son partenariat avec le village de Niéna, le conseil général des Yvelines a accepté de subventionner la rénovation d’un hangar préexistant et de financer l’achat de stocks de céréales supplémentaires. Lors de notre visite en juillet 2006, les travaux étaient achevés et les réserves achetés et stockées. |
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