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Status de l'enfance
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Conférence sur le statut de l’enfance

Un matin, nous assistons, dans la salle de réunion communale, à une conférence sur la situation et les conditions des enfants à Niéna. L’ONG " Aide à l’enfance " est de passage dans le village pour l’occasion.

On y compte une centaine de personnes, dont un tiers de femmes.

Pour la petite anecdote quotidienne, nous nous asseyons derrière un homme qui porte un tee-shirt sur lequel on lit le slogan " Promouvoir la vitamine A, l’iode et le fer chez l’enfant, c’est le protéger de la cécité, le goitre et l’anémie " .

La conférence se fera en Bambara mais le responsable de l’ONG, en voyant 7 toubab’, nous propose très gentiment de traduire certains passages importants de la conférence en français afin que nous participions au débat. Les personnes du public peuvent intervenir quand elles le souhaitent, pour donner leur opinion ou poser des questions.

Les droits de l’enfant

La conférence démarre par un rappel qui a toute son importance : le Mali fait partie des pays qui ont signé la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

On rappelle brièvement certains droits des enfants :

Le droit à un nom et à un acte d’état civil,

Le droit d’être habillé et alimenté correctement,

Le droit à l’éducation, le responsable rappelle d’ailleurs que " l’école est gratuite et obligatoire ".

L’obligation de santé, le droit d’être protégé et aidé pour grandir.

Qu’est-ce qu’un enfant ?

Puis, le responsable de l’ONG demande au public : "  Quelle définition de l’enfance donneriez vous ? "

- Pour l’un d’eux, un enfant est " une personne qui naît dans une famille et doit grandir avec sa famille, mais comment ? "

- Plusieurs s’accordent à dire que c’est avant tout "  une personne fragile physiquement ".

- Julien, lui, affirme que " c’est une personne dépendante de ses parents, car incapable de grandir seule, mais qui, néanmoins a des droits en tant qu’individu. " L’assemblée approuve !

On nous demande, plus tard, " quelle différence y a t il entre un adulte et un enfant ? "

- Des réponses sur le " discernement du bien et du mal " sont fréquentes. Un homme ajoute aussi qu’  " un enfant qui reçoit le même coup qu’un adulte souffre bien plus et qu’en plus il ne peut pas se défendre et répondre. "

- L’idée que " l’enfant est plus fragile que l’adulte " revient régulièrement.

- Les personnes présentes mettent surtout l’accent sur la fragilité de l’enfant et la force physique de l’adulte, et mettent en avant l’incapacité des enfants à se défendre face aux adultes qui peuvent donner des coups.

Arrive ensuite la question du choix du prénom à la naissance. Point qui peut paraître dérisoire de prime abord mais qui, finalement, soulève bien d’autres questions.

En effet, jusqu’alors la mère n’intervenait pas ni pour le choix du prénom des enfants ni pour l’organisation des baptêmes.

Aujourd’hui, et ce depuis peu, on "donne " le troisième enfant à la mère et c’est elle qui peut choisir le prénom..

De plus en plus de femmes sont au courant de ces pratiques et commencent à profiter de ce droit.

Les mentalités évoluent, les femmes prennent une place plus importante dans la société. On leur accorde petit à petit davantage de reconnaissance.

Le travail des enfants

On met en avant le problème du travail des enfants. En effet, même si le travail leur est interdit ici, ils n’ont, après tout, pas le choix Le travail aux champs doit être fait et les enfants sont indispensables.

Certaines personnes interviennent pour dire qu’elles aimeraient que les enfants ne travaillent pas car les tâches sont bien trop pénibles et inadaptées pour des enfants mais, malgré tout on ne peut pas faire les récoltes sans eux.

C’est donc parce qu’ils sont indispensables qu’on les sollicite, sinon bien des parents s’y opposeraient.

Ce problème est donc indépendant de la volonté des parents qui veulent de meilleures conditions de vie pour leur progéniture.

Le responsable demande que les conditions de travail soient, tout de même, adaptées à la force physique des enfants. L’enfant doit pouvoir travailler en fonction de ses compétences, ses capacités physiques limitées.

L’éducation et l’instruction

Vient maintenant la question de l’instruction. Si elle ne se fait pas à l’école, elle DOIT avoir lieu à la maison, du mieux possible.

Ici, la pauvreté est la cause du travail des enfants. Les familles ont réellement besoin d’eux pour les récoltes, c’est une question de besoin alimentaire. Mais le responsable note qu’il y a des façons de procéder et cela ne doit en aucun cas empêcher les parents de s’occuper de l’habillage et de l’éducation des enfants, de façon correcte, tout au long de l’année.

C’est pourquoi on fait comprendre aux parents présents que si les enfants travaillent aux champs à certaines périodes de l’année, cela ne doit pas se faire sur le temps scolaires. Les enfants n’ont pas le droit d’être privés d’instruction.

Le père et la mère doivent également prendre des décisions communes quant à l’éducation des enfants. L’enfant ne doit pas être tiraillé entre ses deux parents. On est convaincu qu’un enfant qui vit dans un environnement jovial se développe mieux.

L’enfant doit être libre, à 18 ans, de décider de son avenir professionnel.

Avant le père imposait ses choix à ses enfants, désormais les enfants commencent à imposer leur opinion en ce qui concerne leur avenir et donc leur futur métier.

Des parents présents affirment très sincèrement qu’ils ont envie d’un meilleur métier que le leur pour leurs enfants.

Si leurs enfants " pouvaient faire mieux " qu’eux, ce serait très bien.

Les devoirs des enfants

Les enfants ont des droits, certes, mais on n’oublie pas de rappeler leurs devoirs !

Ainsi, on rappelle que l’enfant :

- Doit vivre avec ses parents,

- Doit leur obéir car il dépend d’eux,

- Devra prendre en charge les autres enfants quand il sera adulte,

- Doit respecter la hiérarchie, ses grands frères et sœurs,

- Doit respect et protection aux plus jeunes frères et sœurs,

- Doit prendre conscience du peu de moyen de ses parents dès qu’il est capable de discernement, vers 12–13 ans.

Pour conclure, le responsable souligne l’importance de bonnes conditions de développement pour les enfants. Les parents ont comme mission de réunir les meilleures conditions possibles pour l’épanouissement des enfants.

Cette réunion nous fait prendre conscience que le statut de l’enfance, au Mali, évolue d’une façon évidente. La question des conditions de vie des enfants fait réellement réfléchir les habitants.

Il semblerait que l’on accorde de plus en plus de reconnaissance aux enfants et qu’on les considère aujourd’hui comme des individus à part entière. Une prise de conscience s’installe dans les mentalités maliennes.

Le fait que leurs enfants seront, demain, citoyens du Mali et donc, adultes responsables, est apparemment une excellente motivation. On peut sentir dans l’assemblée l’envie d’un avenir meilleur pour les enfants maliens.

L’enthousiasme est palpable, la motivation est grande, tout reste à faire… mais les Niénakas ont, en tout cas, déjà bien entamé le chemin de la lutte qui offrira une vie meilleure à leurs enfants.

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Dernière modification : 14 janvier 2014