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Les artisans de Niéna

   1)Les menuisiers 

  Il y a une vingtaine de menuisiers à Niena, dont 18 chefs d’atelier. Samba Togola, le président de l’association des menuisiers, est aussi leur doyen. En hivernage (de fin mai à fin octobre), faute de commandes, beaucoup travaillent aux champs et seulement 4 d’entre eux exercent. Dans l’incertitude de vendre, les ateliers n’exposent pas de meubles et ne fabriquent que sur commande du client. Ils sont aussi obligés de se diversifier dans leur métier et de faire soit de la charpente, soit de la restauration de meubles basiques, ou de débiter des planches à l’aide de tronçonneuses.

Le manque d’électricité fait défaut aux artisans .Ils sont obligés de travailler à la scie et à la varlope, de clouer pour assembler les meubles pour que le prix de vente reste minime. Celui-ci dépend de deux critères: le coût des matériaux et le temps d’exécution. Malgré ces facteurs, beaucoup de clients ne peuvent régler qu’une partie de la somme et payent ensuite dès qu’ils le peuvent. Ils travaillent à la tâche ou à la journée pour un prix compris entre 500 et 1500 francs CFA par jour lorsque c’est pour un entrepreneur. Quand il y a un gros ouvrage à réaliser il peut arriver que les menuisiers reviennent des champs pour le fabriquer seul ou à plusieurs.

Ils ont généralement acquis un bon niveau sans avoir suivi de formation professionnelle. Selon leurs dires, beaucoup apprennent dans un atelier « sur le tas », chez un frère, un cousin ou simplement de leur père. Ils utilisent le centimètre pour prendre les dimensions et tracer. Aucun menuisier ne dessine de plans à Niéna et Brahima Haïdara trouvait qu’il serait intéressant qu’une personne vienne pour les initier au dessin sur planche et à la D.A.O (Dessin Assisté par Ordinateur) .  

De gauche à droite : Lamine Diallo, Samba Togola, Brahima Haidara

Ils ont tout le matériel à main d’un menuisier traditionnel. Leur caisse à outils se  compose de vibrequin, varlope, rabot, maillet, marteau, tournevis plat, scies égoïne etc. Le matériel est acheté à Niena. Il est importé de Chine car il est moins cher que des outils confectionnés en Europe, mais il est aussi de moins bonne qualité. L’acier des ciseaux, entre autre, peut se fendre lors de la manipulation et devenir inutilisable. La colle blanche, importée de Côte d’Ivoire, est aussi de moins bonne qualité. Les menuisiers sont très contents d’avoir reçu de bons outils de la part de Joseph Brevet en 1988 et 1994. Ils s’en servent encore souvent. Cette année le matériel est financé par le Conseil Général des Yvelines et par Teriya Bougival. L’association des menuisiers dispose maintenant d’un jeu de ciseaux, de bédanes, d’un marteau, de tournevis, d’une équerre, d’une presse à cadres ainsi qu’une pierre à huile, de râpes, de limes, de mètres en rouleaux et de crayons à papier.

Les négociants de bois sont au nombre de dix dans la ville. Deux d’entre eux vendent des panneaux reconstitués et les huit autres du bois massif. Les prix exercés sont à peu près abordables pour les menuisiers. Ainsi une planche de samba de 6 m de long, 32 cm de large et 4 cm d’épaisseur coûte 8000 francs /CFA . Ils travaillent l’eucalyptus qui pousse dans la région mais ne l’utilisent que rarement car il n’est pas très résistant dans le temps. Il y a aussi beaucoup de manguiers dans cette région mais son bois n’est pas utilisé en menuiserie .

        Leurs besoins sont assez basiques, il leur manque surtout :
-Des scies de grandes dimension (90cm ou 1m) .
-Des rabots ,car les leurs viennent de Chine . 
-Des ciseaux à bois 
-Des mèches de vibrequin 
-Des marteaux ou de la colle blanche leur seraient très utile .

 

 Brahima Haïdara

 Brahima Haïdara est âgé de 45 ans, il est musulman pratiquant et père de 3 garçons. Il est marié et a signé la polygamie. Il a pris la décision de rester avec une seule femme car souvent elles ne s’entendent pas entre elles et il manquerait de moyens financiers pour subvenir à leurs besoins. Deux de ses enfants vont à l’école publique mais iront par la suite dans une école coranique quand il aura plus d’argent .Cette année il est parti donner des cours de menuiserie dans le village de Fachoubougou ( le hameau de Fachou) avec une association Américaine (Winrock International). Les cours étaient  dispensés en Bambara. Il a enseigné à des jeunes qui étaient alphabétisés, descolarisés ou non scolarisés. Il y avait 16 menuisiers mais aussi 22 mécaniciens, 41 peintres et 29 jardiniers qui faisaient des formations dans cette association. Tous les élèves menuisiers ont réussi le concours et avaient la possibilité d’aller dans un atelier à Sikasso pour se perfectionner. Au cours de ce stage il a été rémunéré 10 000 francs CFA par jour sans compter le logement et la nourriture. Jusqu’à aujourd’hui cette expérience n’a pas été renouvelée.

Cet homme nous est apparu très investi dans l’aide qu’il apporte au village. La journée, il travaille à son atelier en tant que menuisier, il n’est pas rare qu’on le demande pour réaliser un certificat de travail ou des photocopies à la maison de l’artisanat. Certains soirs de la semaine il y occupe le poste de professeur de français pour les cours du soir. Pendant notre séjour, il a participé activement à l’élaboration des meubles et ouvrages que l’association Teriya a financé, et cela tout en gardant son emploi du temps chargé.  Avant notre départ, il y a eu une distribution d’outils auprès de l’assemblée des menuisiers où étaient présent Brahima Haïdara, Zoumana Sidibé, Fousseni Bamba, Oumar Diallo, Lamine Diallo, Abdoul Diallo et Hamidou Bamba. Ceux–ci ont reproché à Brahima de ne pas les avoir informés que Guillaume était venu à Niena pour travailler avec eux. Nous pensons que ce malentendu aurait pu être évité et que personne n’est réellement fautif. Guillaume leur a ensuite laissé le soin de se répartir personnellement le matériel.

 

Soumaida Wattara

        Soumaida Wattara est un jeune de 25 ans. Guillaume l’a rencontré lorsque Brahima  réalisait pour lui un certificat de travail à la maison de l’artisanat. Il est soudeur dans le quartier Babala à Niena mais a étudié auparavant  5 ans dans une école coranique avant d’arrêter et de rentrer dans un atelier de forgeron où il a appris sur le tas. Il est venu à la maison de l’artisanat pendant une pause accordée par son employeur. Il aimerait trouver du travail dans les mines de Chama où il aurait un meilleur salaire et moins de problèmes aux yeux causés par la soudure. Actuellement il travaille 7 jours sur 7 et 9 heures par jour pour 500 francs CFA (15000 francs CFA / mois) au noir. Il ne peut subvenir à ses besoins. Son rêve serait de venir travailler et habiter en France mais il ne sait pas comment faire. Apparemment beaucoup de jeunes de Niena ont le même désir.

Réalisations 

          Guillaume est arrivé dans le but de travailler avec les menuisiers de Niena afin de réaliser des meubles de rangement pour les cartes de géographie que l’association Teriya Mali fournissait à l’école publique. Il était aussi prévu de prendre quelques initiatives si on en avait l’opportunité. Lorsque nous sommes allés rencontrer le directeur de la section scolaire pour lui remettre les cartes, nous lui avons demandé quel type de meuble conviendrait le mieux. Il a choisi deux modules en contreplaqué « faraké » de la Côte D’Ivoire.

Le 5 août Guillaume est parti avec Brahima pour acheter le bois et réaliser cet ouvrage. Ils ont commencé le jour- même à couper les planches aux dimensions. Lamine Diallo travaillait avec eux les premiers jours mais il a arrêté lorsqu’il s’est aperçu que ce n’était pas rémunéré. Il ne pouvait pas se permettre de travailler sans salaire. Une fois les deux meubles finis, nous les avons amenés au directeur de l’école publique qui en a été satisfait .

Remise des modules pour les cartes au directeur de l'école publique

Il nous a demandé par la suite s’il était possible de les vernir pour les protéger des insectes. Nous avons accepté.

Ils ont ensuite entrepris de réaliser deux scies de menuisier traditionnel car Guillaume avait apporté des lames de France  qu’il n’utilisait pas et qui étaient de bonne qualité. Ce travail a été très utile car ces scies leur ont servi régulièrement tout au long des ouvrages. A la fin du séjour il les a donné à Brahima pour le remercier du temps qu’il avait consacrer à travailler avec nous.

Nous avons eu une requête de la maternité qui nous demandait s’il était possible de réaliser un banc pour que les femmes puissent s’asseoir. Nous avons répondu favorablement et sommes partis acheter du bois massif. Nous avons confectionné ce banc de la même manière qu’ils le fabriquent, c’est à dire avec des pieds qui sont cloués et une barre en biais de chaque coté pour le rigidifier. C’est une manière efficace de le réaliser car il est solide et il ne revient pas cher.

Moussa Diallo a suggéré qu’il serait bien de faire trois tables basses pour la concession car il lui restait 3 planches vernies qui étaient de bonne taille. Celles-ci auraient notamment servi à l’occasion de la fête organisée à la fin du séjour. Ils ont réalisé ces tables à la manière des menuisiers Français, avec des assemblages collés tenons et mortaises. Les tables que les artisans de Niena fabriquent sont assemblées avec des clous ce qui n’offrent pas une bonne résistance. Ils pourraient faire des assemblages car ils les connaissent, mais cela donne trop de travail par rapport au prix de vente. Maxime et Alban sont venus se joindre à eux pour la fabrication car il y avait encore beaucoup de travail et ainsi, ils ont pu finir assez rapidement et les amener ensuite à la concession afin de les peindre.

Lors de la remise des livres au bibliothécaire de l’école publique une dernière demande nous a été faite. Il s’agissait de modifier trois bibliothèques en leur rajoutant des fonds et des côtés, d’en construire une nouvelle avec les modifications apportées et de fabriquer trois bancs. Après discussion, nous avons opté pour un nouveau meuble et un banc, car le budget comme le temps restant à notre séjour étaient comptés. Alban est revenu travailler avec eux et Muriana, Céline, Marie, Emilie, Fanny, Maxime, Oumar, Moussa, Fla Adama se sont occupés de peindre et de fixer les dessus des tables et de vernir les deux modules de cartes. Nous avons tout terminé la veille de notre départ de Niena et nous avons rémunéré Brahima avec le reste du budget (soit 10 000 FRS CFA), et quelques outils personnels que Guillaume lui a offert. C’est Moussa Diallo qui s’est occupé de remettre les différents ouvrages à son retour de Bamako où il a séjourné jusqu'à notre départ dans le but d’avoir un crédit pour la coopérative des mangues.  

  Réalisation de deux modules pour l'école publique   Réalisation de deux scies pour Brahima

  Réalisation du banc pour la maternité   Réalisation de trois tables basses pour la concession

   Réalisation d’une bibliothèque pour l’école publique               Réalisation d’un banc pour l’école publique  

  Réalisation de la peinture sur les pieds des tables (Muriana et Oular à l'ouvrage) Exemple de réparations effectuées à la concession

    Le fonctionnement de la  Maison de l’Artisanat

             Il y a douze corps de métier représentés à la maison de l’artisanat. Le groupement de travailleurs le plus conséquent est constitué par les réparateurs de motos qui sont au nombre de 22. Viennent ensuite les 18 menuisiers, les douze vannières, les neuf forgerons et soudeurs, puis les médecins traditionnels. Au sein de ces quatre rassemblements, tous les membres payent une cotisation et une somme de participation contribuant au fonctionnement et à l’amélioration des locaux d’accueil. Sont également présents un bijoutier, un horloger, un tailleur de vêtements, un mécanicien, une tricoteuse et un sculpteur qui ont payé la participation mais pas la cotisation mensuelle. Ce manque de moyens des participants handicape le fonctionnement de la maison de l’artisanat et nous pensons que le  montant de cette cotisation est trop élevé. En effet, la cotisation est la même pour tous les corps de métier, indépendamment du nombre d’artisans qui y travaillent : quand un menuisier paye 250 francs CFA par mois, les autres corporations payent 1000 francs CFA. Sachant que dans certains cas il n’y a qu’une seule personne par secteur. Nous nous sommes demandés s’il n’était pas plus juste d’uniformiser le montant de la cotisation par personne et non par corporation. La maison de l’artisanat fait très peu de recettes et fonctionne au ralenti à cette période car beaucoup de personnes sont au champs. La salle informatique et la pièce où sont réalisées les cours d’alphabétisation fonctionnent bien mais les autres sont très peu exploitées. Ne faisant pas de bénéfices, beaucoup de cellules ne sont pas encore électrifiées.

 

Le sculpteur

            Adama Koumaré est forgeron sculpteur, il a fait son apprentissage à Bamako lorsqu’il avait 18 ans. Maintenant il a 36 ans et il voyage de ville en ville à la recherche de clients. Adama peut rester plusieurs mois dans une même ville. Actuellement, il est à Niena et s’en ira quand il n’aura plus d’acheteurs. Les clients viennent chercher ses œuvres chez lui.

       A la fin du séjour, Guillaume lui a demandé s’il était possible qu’il vienne une journée dans sa concession afin d’apprendre à manier les outils qu’il lui avait fabriqué quelques semaines auparavant. Il a accepté et Guillaume a ainsi pu réaliser une sculpture. Il y avait un jeune qui venait traduire ce que le sculpteur expliquait en Bambara. Il était bon pédagogue et Guillaume a vraiment appris beaucoup de choses ce jour là.

 

Les bijoutiers de Niéna.

   

            Il y a quatre bijoutiers à Niéna. Nous en avons rencontré deux, un à la maison de l’artisanat et l’autre à côté de la place du marché. Ils ont tous deux peu de bijoux en stock, environ trois ou quatre. Tous les bijoux sont en argents car ils n’ont pas assez d’économie pour acheter de l’or en matière première. Ils peuvent sur commande fabriquer des bijoux en or, mais ils ont besoin d’être sûr de l’engagement de l’acheteur. Nous avons tenté de commander un bijoux en or, mais nous n’avons pas pu nous engager auprès du bijoutier car étant donné le prix du gramme d’or, nous n’avons pas voulu prendre le risque de faire faire ce bijoux au cas où le résultat ne nous plairait pas.

 

La mine d’or.

Quelques pépites d'or Une entrée de tunnel

Nous partons en bâché. C’est à environ 45 km de Niéna. Il pleut. La route est traversée de courants d’eau impressionnants, nous avons l’impression de rouler sur l’eau.

Arriver sur le lieu, nous avons été choquées par l’état de délabrement et de précarité des habitations. Les paillotes sont recouvertes par des sacs de riz provenant de Côte d’Ivoire et par des bâches en plastiques. Beaucoup des habitants du village viennent de Guinée. Les mines se sont remises en service vers 1997 par la découverte d’or par un guinéen. Jusqu’à cette date cet endroit était considéré comme un lieu mystique ou l’on pensait que Dieu avait creusé des trous et des galeries souterraines. Ces dernières constituent un réseau de tunnels, certains mesurant plus de 100 mètres de long. Elles ont, en fait, été creusé par les soldats du roi Kalcoon Moussa, empereur des Mandingues, vers les années 1200.

Nous avons demandé à voir de l’or mais personne n’en avait. En fait, un acheteur vient chercher l’or tous les matins. Nous avons rencontré les gens au travail. Ils effectuent différentes taches. Certains allaient extraire la terre dans les mines ; une femme pilait la terre ; un homme filtrait la terre avec de l’eau sur une grande gouttière ; d’autres hommes filtraient la terre dans des bassines et des calebasses. Les enfants travaillent aussi, tout le monde est mis à contribution. Ils ne récoltent que très peu d’or et c’est seulement au bout d’un très grand nombre d’heures de travail que un gramme est récolté. Le gramme coûte entre 5000 et 7500 F CFA.

Les habitants ne peuvent s’occuper que de l’or, la culture et l’élevage sont rendus difficile en raison de la présence des trous. En effet, le terrain est un vrai gruyère, il y a des trous tous les 5 à 10 mètres. Certains sont à nu, d’autres sont masqués par la végétation. Le terrain est donc très dangereux.

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Dernière modification : 14 janvier 2014