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Karangasso
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Le village de Karangasso

 Le jeudi 4 août 2005 au matin, nous partons pour Karangasso sous des trombes d’eau dans une petite camionnette ruisselante. Il s’agit d’un village comptant 3280 habitants et si l'on associe les six villages voisins cela représente environ 5000 habitants. A cause de la pluie, et à la différence des années précédentes, nous n’avons pas été accueillis dès la sortie de la camionnette. Cependant certains hommes nous attendaient déjà et avaient installé des chaises et des bancs en cercle pour nous recevoir. Tout le village n’était pas présent car le jour même il y avait l’enterrement d’un enfant du village. Après quelques instants d’attente nous avons vu arriver un à un les villageois, puis les femmes et les enfants. Les femmes étaient soigneusement parées de boubous très colorés, certaines avaient apporté avec elle des instruments de percussions en calebasse (Boli), et nous attendions tous impatiemment l’arrivée des musiciens. Tout le monde est là et bientôt la musique retentit accompagné du chant d’un homme par moment soutenu par les chœurs de trois femmes âgées qui frappent parfaitement sur leurs instruments et leur mains. Ce moment est magique, nous avons tous dansé, échangé des pas de danse avec les femmes et profité du fait qu’ils nous aient mis à l’honneur tout au long de la journée.

 

  Après cet accueil remarquable nous avons commencé les visites par la maternité. Celle- ci est constituée d’une salle d’accouchement, d’une salle de consultation et d’une salle de repos. Tout nous a paru très propre et très bien entretenu d’autant plus qu’il y avait eu un accouchement durant la nuit. Toutefois nous constatons que les salles sont très sombres même en plein jour. La matrone, Madame Nana Traoré, nous explique que l’ancien groupe électrogène de la maison de l’artisanat a été récupéré afin d’éclairer la salle lors d’accouchement de nuit mais cela n’est qu’une solution de secours puisque son entretien et le pétrole utilisé coûte cher. Elle compte donc beaucoup sur les panneaux solaires demandés qui seraient plus économiques. Lorsque nous nous attardons sur certains détails nous constatons que le registre des accouchements et des naissances est très bien tenu, il y a sur les murs de nombreuses affiches de propagande sur l’importance de la nutrition et des aliments qu’il faut absorber pour avoir une nourriture et des apports suffisants.

  La matrone porte beaucoup d'intérêt aux questions et à l’information auprès des mères en pré et post consultation. Elle nous sollicite toutefois à travers une demande légitime qui est le manque gênant de gants et de doigtier. Nous lui demandons ensuite comment se passent les situations d’accouchements difficiles et comment on recourt à l’évacuation rapide des femmes en difficultés. En cas d’urgence, les femmes sont amenées en moto à Niéna alors qu’il y a une dizaine de kilomètre séparant les deux communautés et que la piste est très mauvaise. De plus, en période de pluie, celle- ci se transforme très souvent en un courant d'eau important ce qui empêche les véhicules de rouler durant plusieurs heures. Il nous semble qu’un système de Rack liant Karangasso à Niéna pourrait améliorer les conditions d’urgence. Toutefois il existe un petit pont à la sortie du village qui est dans un piteux état et qui manque de s’effondrer d’ici peu, il faudrait donc renforcer cet endroit dans un premier temps pour pouvoir ensuite organiser un système de transport qui bénéficierait au confort des femmes en douleur.

Par ailleurs nous avons appris avec plaisir que Nana Traoré recevait aujourd’hui un salaire régulier, ce qui n’était pas le cas l’année dernière. Celui- ci est payé par la population et suffit à ses besoins.  

Nous continuons la visite avec le Centre de Santé qui est en service mais reste peu fréquenté à ce jour. Visiblement les infirmiers l’ont mis à notre disposition puisqu’il n’y a aucun patient, que les salles sont ouvertes et le matériel exposé. Notre première impression est de constater que le centre est sale, poussiéreux, les tables rouillées, les bouteilles de soin tâchées de sang. Un meuble est consacré au rangement des médicaments, mais il est vide et ceux- ci sont répartis anarchiquement à différents endroits du dispensaire, encore dans des cartons.

 

Nous rencontrons un infirmier, Monsieur Drissa Do, et un aide soignant Monsieur Salif Samaré, avec qui nous échangeons un entretien rapide. Ils nous expliquent qu’il existe un système de carte d’abonnement et qu’actuellement 20 familles de Karangasso et des villages alentours en bénéficient. Ce système de carte est calqué sur celui du centre de santé de Niéna. Nous avons la possibilité de voir le registre de consultation et nous pouvons y lire qu’il y a en moyenne une dizaine de consultations par jour, ce qui constitue une fréquentation importante pour un petit village de brousse. Nous visitons plus loin une salle de garde qui permet aux malades de rester au centre jusqu'à leur guérison gratuitement. Nous demandons comment les malades prennent leurs repas et il nous est expliqué que ce sont les familles qui apportent chaque jour la nourriture nécessaire à la personne souffrante.

Plus loin dans le hall d’entrée nous apercevons le frigo à pétrole financé par Teriya qui fait l’objet de beaucoup d’animation. Il est arrivé il y a une semaine et a coûté une somme de 998 000 francs C.F.A. Il n’est toujours pas fonctionnel, car il faut le laisser reposer quelques jours avant de le mettre en marche. Cependant des poches de perfusion sont déjà conservées à l’intérieur, ce qui nous étonne quelque peu. Afin de préserver le matériel du vol, le congélateur et le frigo seront fermés à clef.

 

Le personnel soignant est payé par la commune et l’argent des consultations récupéré tous les soirs par le trésorier. Nous avons souhaité rencontrer cet homme mais l’infirmier ne connaissait pas son nom et il semblait y avoir un manque de clarté notable dans l’organisation et la gestion de la caisse. Personne ne pouvait nous dire avec précision où allait l’argent des consultations et cela durant tout l’entretien. L’infirmier semblait dépassé, ne sachant pas nous dire quels étaient les manques et les besoins du centre. Nous avons ensuite établi un lien entre le mauvais état  de maintien général du centre et l’attitude de cet infirmier perdu et déconcerté.

            Il nous semble que Teriya pourrait -être un bon moteur au développement du centre s’ils envoyaient une équipe spécialisée dans cette mission. 

              Nous avons continué notre visite instructive par le jardin des femmes qui se trouve à quelques mètres derrière l’école du village. Ce jardin est grand, il fait un quart d’hectare, est grillagé et entretenu par plus de 284 femmes. Celles-ci travaillent par équipe en alternant les jours de la semaine, car le week-end, elles vendent leur récolte sur le marché de Niéna. Avec l’argent qu’elles gagnent, elles ont mis en place un système de caisse communautaire. Les récoltes ne sont pas les mêmes tout au long de l’année, actuellement le jardin est rempli de maïs, d’aubergine et de gombo ( légumes verts ). Un nouveau puits est en projet de création.

              Avant le déjeuner, nous passons par le centre d'alphabétisation du village. Il se compose d'une salle en terre insalubre et délabrée. Le toît est retenu par une poutre rongée par les termites qui menace de s'effondrer, les murs sont fissurés etc.

 

Son fonctionnement est le même qu'à Niena: il n'y a pas de cours en période d'hivernage, mais durant le reste de l'année l'alphabétisation est ouverte à tous. 29 femmes et 3 hommes apprennent à lire et écrire le Bambara avec des animateurs bénévoles. Cette salle sert aussi à accueillir des réunions en tous genres. Lors de notre visite par exemple se tenait une réunion de la C.M.D.T.

              Le déjeuner composé de bassines de riz au gras, de haricots et de viande de poulet succulent nous attend dans la grande salle de classe de l'école publique. Une table immense est dressée en notre honneur. Nous mangeons avec les hommes influents du village, d'autres mangent par terre à nos côtés. Selon la tradition les femmes et les enfants mangent après ce qui reste.

            L'école nous a semblé en bon état, bien entretenue, le matériel scolaire  (compas, rapporteur, équerre) était rangé. Financé par l'état, elle compte 500 élèves pour le premier cycle ( de la 1 ère à la 6 ème année) et 230 pour le second cycle ( de la 7 ème à la 9 ème année ). Le nombre de filles et de garçons scolarisés est à peu près équivalent. L'école est gérée par deux directeurs, chacun s'occupant d'un cycle. L'équipe enseignante est constituée de 6 maîtres pour le premier cycle et de 3 professeurs pour le second. Comme il n'y a pas de jardin d'enfant, même les enfants en bas âge ( entre 3 et 5 ans) sont acceptés en auditeur libre dans les premières classes du premier cycle.  Face à la demande du directeur du second cycle de  correspondre avec des jeunes français, Céline a établit un projet d'échange pédagogique avec lui. Il s'agirait d'une correspondance entre une classe de collège française et une des classes du second cycle de l'école de Karangasso. Chaque groupe enverrait un courrier par mois autour de thèmes éducatifs travaillés en classe. Nous avons déjà décidé de quelques sujets, comme présenter son village, la journée type d'un écolier, décrire sa famille ou encore son logement. Nous avons également parlé de réaliser des travaux imaginatifs  en rédigeant des contes par exemple.  

  Remise des adresses

            Nous avons enfin participé à une réunion avec les membres influents du village pour discuter des projets et des besoins de Karangasso. La disposition de la salle était très protocolaire. Nous étions assis les uns face aux autres, et les villageois scindés en deux,  les hommes d'un côté et les quelques femmes de l'autre. Nous nous sommes sentis un peu gênés par leurs multiples demandes: restauration de la maternité, aide à la construction d'un jardin d'enfant, aide à la réparation du pont, de la salle d'alphabétisation, construction d'un foyer pour la jeunesse pour qu'ils puissent se réunir, d'une bibliothèque... Ce ne sont bien sûr que des idées d'actions dont ils aimeraient discuter avec Teriya. Ils nous ont également demandé d'autres choses beaucoup plus réalisables comme la fourniture de ballons de football, de stylos, de cahiers et de tableaux mobiles à chevalet pour l'école. On leur a remis deux ballons de Basket et une pompe donnés par Jean-François ( un jeune parti l'année dernière). Cette attention les a beaucoup touchés.

 

            La fin de notre journée à Karangasso a été occupée par notre visite au chef du village dans sa case. Celui-ci très âgé et malade, n'avait malheureusement pas pu assister à notre arrivée. Il souhaitait tout de même nous voir afin de faire parvenir ses remerciements à l'association. Ce village est magnifique, propre, accueillant et très typique. Nous en gardons un souvenir mémorable.

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Dernière modification : 14 janvier 2014